Les saints de glace : mythe ou réalité ?

La signification des saints de glace remonte à l’époque romaine. On célébrait la déesse Flora (déesse des fleurs, des jardins, du printemps) aux alentours de ces mêmes dates. D’après une légende, les saints de glace seraient trois frères, qui auraient vécu en Turquie au IVème siècle. Décapités pour avoir refusé de renoncer à leur foi chrétienne, ils seraient par la suite devenus les protecteurs des jardins. On retrouve ensuite les saints de glace à l’époque du haut moyen âge, aux alentours de l’an 500  Le mois de mai correspondait déjà à une période durant laquelle les paysans étaient particulièrement attentifs et méfiants sur les semis et plantations car parfois génératrice de températures négatives et de gel tuant leurs plantations et récoltes.

Qui sont-ils ?

 Saint Mamert (fêté le 11 mai) était l’archevêque de Vienne en Gaule. Il institua trois jours de prières et de demande liturgique contre les calamités et la protection des cultures en vue d’une bonne récolte.

Saint Pancrace (fêté le 12 mai) était le neveu de saint Denis martyr. Il a été décapité en 304 à l’âge de 14 ans et est considéré comme le patron des enfants.

Saint Servais (fêté le 13 mai) était l’évêque de Tongres en Belgique. Il est le premier évêque attesté du Civitas Tungrorum. (Germanie)

Ces saints étaient invoqués par les agriculteurs et jardiniers pour anticiper l’effet d’une baisse de la température sur les cultures, qui pouvait être observée en cette période et provoquait le gel (phénomène de la lune rousse). Une fois cette période passée, le gel ne devait plus être craint.

Qu’en pensent les experts ? Selon les spécialistes, ce phénomène s’explique par la fluctuation climatique propre à cette saison. D’après Alain Miffre, Maître de Conférences en Physique et membre de l’institut Lumière Matière“ les Saints de glace tombent ainsi chaque année au mois de mai, car c’est à ce moment précis de l’année que la circulation atmosphérique hivernale s’achève avec les dernières descentes d’air froid polaire avant l’été”. En mai, la fonte des glaces polaires entraîne un affaiblissement du vortex polaire, ce qui provoque une instabilité atmosphérique. Les masses d’air froid descendent vers les latitudes moyennes, engendrant ainsi des gelées tardives.

Début mai, est la période où le risque de gel est le plus élevé. Le soleil fait son retour, le sol se réchauffe.  Par la présence d’anticyclones, le ciel de mai est généralement plus dégagé. L’absence de nuages ne permet pas de maintenir la chaleur du sol. Résultat : la nuit, les températures peuvent très vite chuter et entraîner des gelées. De plus, la circulation atmosphérique hivernale qui fait baisser les températures au cours de l’hiver ne prend fin qu’à partir du moment où les “conditions anticycloniques estivales prennent le dessus”. Une modification qui s’opère très progressivement, voilà pourquoi des températures basses peuvent subsister jusqu’en mai. 

Retour en haut