Une belle rencontre avec des vaches

Les vaches à la rue : qu’est-ce que cela veut dire ? Les vaches sont dans la rue ? Je ne sais pas comment vous êtes, mais moi quand quelque chose m’interpelle, je dois trouver l’explication. Me voilà donc partie à Langan chez Myriam notre productrice de produits laitiers pour voir ces fameuses vaches à la rue. Je suis effectivement accueillie par un magnifique troupeau, mais… dans une prairie. Heureusement j’ai bientôt l’explication : la Rue officinale ou Rue des jardins est une espèce de sous-arbrisseaux cultivée pour ses feuilles utilisées pour leurs qualités aromatiques et médicinales.

Myriam est installée ici depuis 5 ans. Issue du milieu agricole (sa famille avait une exploitation de vaches à viande), elle a toujours voulu devenir éleveuse. Ses études l’ont cependant d’abord conduite vers un diplôme d’éducatrice spécialisée, mais elle souhaitait une vie plus à l’extérieur et elle a franchi le pas il y a 6 ans en faisant un brevet de responsable agricole. Elle a eu la chance de trouver cette exploitation proche de ses racines puisqu’elle a en location 8 ha d’anciennes terres de sa famille, couplés à 32 ha en accession à la propriété avec des bâtiments agricoles en location appartenant à une SCI.  

Les vaches sont très belles, ce sont des Bretonnes Pie Noir. Elles possèdent une robe bicolore noire et blanche comme le Gwenn Ha Du. Ce sont les vaches emblématiques de la Bretagne, de petite taille, elles sont rustiques. Pourtant ces vaches ont failli disparaître en 1975, on n’en comptait plus que 500. Heureusement la tendance s’est inversée car leur lait est particulièrement apprécié. Le reste du troupeau est constitué de vaches jersiaises, Leur robe est de couleur fauve. Ce sont aussi de petites vaches, mais très robustes, elles s’adaptent à tous les climats et ne sont pas exigeantes pour leur alimentation. Leur lait est le plus riche en protéines et en minéraux de toutes les vaches.

Son cheptel est de 45 vaches + un certain nombre de génisses (jeunes n’ayant jamais mis bas), et le papa de certains de ces veaux est un petit taureau froment du Léon aidé aussi par la science et l’insémination artificielle. Pourquoi un certain nombre, cela ne doit pas être si difficile à compter. La gestation dure 9 mois, et bien entendu chaque vache a son rythme particulier : donc toutes les vaches ne sont pas en gestation en même temps. Vous ajoutez à cela 280 jours de lactation et vous comprendrez qu’il n’est pas si facile à moins de les aligner, de savoir combien de veaux naissent chaque année. Enfin certaines génisses deviennent nourrices pour les petits veaux en manque de lait.

Ses veaux que deviennent-ils ? ils sont sevrés au bout de 3 mois, (ceux qui vivent bien sur car malheureusement comme tout être vivant, il peut y avoir des accidents). Etre éleveur, c’est faire naître, grandir, mais aussi être confrontée à la mort. Cela peut malheureusement arriver : un vêlage qui se passe mal, un accident. C’est toujours un moment difficile dans la vie d’éleveur, qui bouscule. Les femelles sont gardées pour le renouvellement du troupeau ou vendues pour l’élevage, les mâles sont vendus soit comme veaux, soit castrés comme bœufs. Les vaches qui ne produisent pas assez ou qui ont un lait de qualité moindre sont autant que possible vendues pour compagnie à des particuliers ou à des fermes pédagogiques. 

Cela semble simple et pourtant c’est un travail de titan. Il faut sortir et nourrir les vaches qui sont à l’intérieur (celles qui ont mis bas et donnent le lait), nourrir celles qui sont en gestation à l’extérieur. Il faut aussi mettre dans un endroit préservé, celles dont la mise à bas est proche ou vient de se faire et porter à ces vaches et à ces petits veaux une attention particulière. C’est une veille constante, il faut être présent auprès du troupeau aussi bien le 25 décembre au petit matin qu’au milieu de la nuit si une mise à bas se passe mal. 

 Il faut entretenir les prés, vérifier les clôtures, déplacer les bêtes quand l’herbe du pré ne suffit plus. Ensuite il faut nettoyer, et pailler leur stabule, et en hiver nourrir les bêtes qui ne sortent pas. Cela veut donc dire à la belle saison préparer les champs (pour le maïs) et les prés (pour le foin). Enfin il faut traire 2 fois par jour et 365 jours par an. Les vaches ne partent pas en week-end ni en vacances Myriam récolte environ 60 000 l de lait dans l’année. Il faut surveiller la santé des animaux, les mamelles, les sabots, et bien sûr surveiller les génisses et voir quand elles sont prêtes à accueillir le taureau, alors commence 9 mois de surveillance constante pour la génisse comme pour le futur petit veau.

Et puis bien entendu, il y a toutes les délicieuses fabrications que nous proposent Myriam et Emmanuelle dans notre amap. Cela demande un traitement du lait, car le lait est un aliment qui peut rapidement s’altérer. Et puis passer à la fabrication proprement dite. Cela nous en parlerons un autre jour.

Comment Myriam voit elle l’avenir ? Elle est à sa place, son souhait c’est améliorer ses conditions de travail et le bien-être de ses vaches. Elle a déjà planté 4 km de haies, elle souhaiterait pouvoir construire un nouveau bâtiment pour les génisses en gestation qui restent dehors en saison hivernale pour le moment. Elle voudrait améliorer l’autonomie alimentaire et énergétique de la ferme et mécaniser son travail ce qui lui permettrait de dégager du temps pour sa famille et ses vaches.

 PS : Julia, Languette, Lara, Opaline et rubis espèrent vous rencontrer prochainement.

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