Même si la fête de la Saint-Jean est associée au personnage biblique de Saint Jean-Baptiste, ses origines sont beaucoup plus anciennes. Comme beaucoup de traditions païennes, cette fête a été christianisée au Moyen Age. Elle a alors été associée au jour de naissance de Saint Jean-Baptiste.
La célébration du solstice d’été est aussi ancienne que l’est l’humanité, cette journée est chargée de pouvoir, de magie et de superstition. Selon les croyances anciennes, des fées et divinités de la nature se promenaient en liberté dans les champs. Traditionnellement, les agriculteurs remerciaient l’été, les récoltes, les fruits. C’était également le bon moment pour demander la fécondité de la terre et mêmes des hommes. Flambées et rites de feu débutaient la veille du plein été pour symboliser le pouvoir du Dieu Père Soleil et l’aider à renouveler son énergie. Ainsi, il s’agissait de rituels pour se purifier et assurer la renaissance du Soleil. Intéressons-nous de plus près à quelques cas précis !
On trouve les premières traces de ces célébrations largement avant notre ère chrétienne. On lit dans l’Écriture que le fils d’Achaz (roi de Juda, au VIIIe siècle avant J.-C.) fut consacré en passant par le feu. A l’époque, on purifiait et sanctifiait les enfants en les faisant passer au milieu des flammes. C’était, selon Noël-Antoine Pluche (encyclopédiste1688-1761), dans la Perse surtout que l’on était attentif à consulter le soleil, pour régler les témoignages publics d’adoration et de reconnaissance que l’on rendait à Dieu ; mais dans la suite Dieu disparut, et le soleil, qui n’était que le symbole de la Divinité, resta pour objet du culte.
L’abbé Pluche, en parlant des différentes fêtes qui se célébraient en Égypte, fait mention d’une fête qui avait lieu au solstice d’été, et qui était annoncée au peuple par une Isis, sur la tête de laquelle on voyait une écrevisse ou un crabe marin. Ce symbole indiquait la constellation où le soleil entrait pour lors. Cependant le solstice d’été n’était pas un temps aussi remarquable pour les Égyptiens que pour les peuples des zones tempérées, mais ils avaient emprunté cette coutume et cet usage des peuples de l’Asie, dont ils étaient une colonie. Ces traditions ont passé, comme tant d’autres, d’Asie en Europe, et se sont transmises d’âge en âge.
Signalons une particularité assez remarquable du feu de la Saint-Jean, et des feux de joie en général : l’usage où l’on était de sauter par-dessus le foyer ardent, lorsque la flamme amortie permettait de le franchir sans danger. Les feux dont il s’agit ici étaient appelés palilia chez les Latins. Le bûcher était composé de chaume et de foin ; et les paysans, après y avoir mis le feu, sautaient par-dessus, croyant par-là se purger de leurs fautes.
On voit encore, par un passage du théologien et historiographe Théodoret de Cyr (393-457), que cette superstition régnait dans toute sa force au milieu du Ve siècle. Les mères chargées de leurs nourrissons, qui ne pouvaient ni sauter ni marcher, faisaient le tour du feu, persuadées qu’elles expiaient les fautes passées, et détournaient en même temps les malheurs futurs. On remarque enfin, parmi les usages que le moine Cyrus, futur patriarche de Constantinople (705-712), signala comme superstitieux, au concile in Trullo (691-692), celui de sauter par-dessus les feux allumés au mois de juin, la veille de la Saint-Jean-Baptiste.
Jusqu’au Moyen Âge, il est coutume d’allumer dans la nuit de grands feux à la croisée des chemins, afin de chasser les sorcières qui errent dans la pénombre et de protéger les récoltes des orages et des tempêtes.
Le docteur Jean Beleth, qui vivait au XIIe siècle, nous dit, dans son Explication des offices divins, que vers la fête de Saint-Jean on avait coutume de ramasser tous les os des animaux, et de les brûler, pour que la fumée de ce feu pût éloigner les animaux qui auraient pu, dans ces temps de chaleur, infecter les puits et les autres eaux qui servent à boire, d’où il s’en serait suivi une année de mortalité.
Lorsque l’usage de la poudre fut devenu commun, le feu de la Saint-Jean fut changé en feu d’artifice. Ainsi, à Paris, on faisait tous les ans à pareil jour un feu de bois dans la place de Grève, que les magistrats de la ville allumaient en cérémonie, avant de tirer le feu d’artifice. On s’avisa aussi, par la suite, d’y donner un divertissement assez bizarre ; outre le bruit des pièces d’artillerie, boîtes et arquebuses à croc, que l’on déchargeait à la Grève, la coutume s’introduisit d’y brûler des chats tout vivants, dont les cris formaient une musique singulière. Le dernier monarque qui alluma le feu de Grève de ses mains fut Louis XIV.