L’ancêtre sauvage de la carotte provient certainement de la région qui est aujourd’hui l’Afghanistan. Elle ne possédait pas initialement la couleur orange intense qui la caractérise à présent, mais une variété violette à l’extérieur et blanchâtre à l’intérieur. À l’état sauvage, la plante a une racine mince et aigre. Ce n’est qu’en la cultivant dans un climat modéré et dans une terre fertile que la racine grossit et s’adoucit pour donner une denrée comestible.
Commence alors un long périple à travers les siècles qui amènera la carotte, au gré des explorations humaines, au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique, ainsi qu’en Europe. Des traces de graines de carottes découvertes sur des sites préhistoriques suisses laissent supposer que la carotte est connue de l’homme depuis des millénaires. Au départ, cette racine n’était pas cultivée pour être ingérée mais elle était récoltée pour ses feuilles et ses graines aromatiques, comme cela se produit aujourd’hui avec des herbes telles que le cumin, le fenouil ou le persil.
Au premier siècle elle était considérée comme un puissant aphrodisiaque dans la Grèce antique et à Rome. Sa consommation se faisait principalement en compagnie d’épices et de vin chaud. Ils lui reconnaissaient aussi une valeur thérapeutique (notamment pour l’acuité visuelle), mais ne l’appréciaient guère comme légume. C’est qu’à l’Antiquité, leurs carottes devaient avoir une couleur blanchâtre, une peau assez coriace, et un cœur fort fibreux. Le naturaliste romain Pline l’ancien, dans son encyclopédie « l’Histoire naturelle » mentionne la carotte sous le nom de Pastinaca Galtica, appellation que l’on retrouve aujourd’hui encore dans certaines régions de France, ou la « pastenade » n’est autre que la carotte.
Même si elle commence à être cultivée un peu partout entre le VIe et le Xe siècle, la carotte n’est pas encore une super star, elle a peu évolué dans sa forme et son goût, et en fait la compagne du panais. Ces deux racines peu onéreuses sont très consommées par les pauvres. La carotte se retrouve au XIIIe siècle dans un recueil culinaire, non pas en tant que légume mais comme plante aromatique. Elles sont en revanche présentes sur la table royale sous Louis XIV. La Quintinie (jardinier, agronome) en fait cultiver plusieurs sortes dans le Potager du roi à Versailles dont des rouges qui ont l’inconvénient de “tacher le bouillon”.
Au XVe siècle, les Français, les Allemands et les Hollandais commencent à cultiver les carottes. Ils délaissent peu à peu la variété mauve car elle perd de sa saveur dans les terres au climat tempéré d’Europe occidentale. En Europe, au XVIe siècle on connaît des variétés à chair ou à peau blanche, jaune, rouge, verte, pourpre et noire, mais pas de carottes orange. La carotte orange est le produit d’une intervention humaine. Selon la légende, des Hollandais du comté d’Orange voulant honorer leur souverain Guillaume 1er, croisent au XVIe siècle des variétés à chair rouge et à chair blanche et finissent par obtenir une racine d’un bel orange lumineux. C’est la première carotte charnue, dite la « Longue Orange ». Cette nouvelle venue ne tarde pas à supplanter toutes les autres. Apparu dans la langue française en 1564, le terme « carotte » vient du latin carota qui fut emprunté au grec karôton (corne).
La carotte sur le continent américain
La carotte est introduite en Amérique au 17ème siècle et rapidement cultivée au Venezuela. Les Amérindiens adoptent ce curieux légume-racine, principalement parce qu’ils ont découvert les avantages des carottes pour la santé. Lors de la construction du chemin de fer américain, des ouvriers se plaignaient que les amérindiens Flathead de l’Orégon les attaquaient pour leur voler leurs carottes, au goût irrésistible.
La production actuelle de carottes
Aujourd’hui c’est un légume très consommé dans les pays occidentaux : 1 légume sur 5 acheté est une carotte. Le principal producteur de cette racine comestible est la Chine, qui produit environ 7 millions de tonnes par an, suivie de pays comme les États-Unis, la Russie et la Pologne. En France, c’est le 2 ème légume le plus consommé.